Comment vivez-vous le confinement ?
À l’annonce du confinement, je me suis tout de suite posé la question, à savoir si je n’allais pas demander l’hospitalité dans un monastère des pères trappistes ? (rires) En tant qu’insulaire, habitué à vivre à l’extérieur, au contact des autres, à multiplier des expériences foisonnantes, j’ai finalement dû renouer avec l’essentiel. Je consacre d’avantage de temps, chez moi et dans mon atelier, à la lecture, à la réflexion, au travail d’introspection afin de redéfinir mes priorités en tant qu’être humain, et mes objectifs en tant qu’artiste. Mes amis proches et ma famille sont pour l’instant épargnés par le virus.
Quel est votre état d’esprit ?
Le confinement ne porte pas préjudice à sa liberté d’artiste, bien au contraire, je ne pense pas que je serais devenu un artiste sans l’ennui... Ma seule frustration vient du fait que la baignade en mer est interdite pendant cette période de confinement. Afin de me mettre en condition pour créer, j’ai un rituel : je vais généralement nager tôt le matin ou surfer si les conditions sont favorables. C’est une manière pour moi de lâcher prise en me reconnectant aux éléments et de m’exercer à la pleine conscience… L’océan agit chez moi comme un tuteur de résilience.
Cette expérience de confinement a-t-elle un impact sur votre démarche artistique ?
J’ai passé les quatre premières semaines de confinement sans pouvoir me procurer du matériel (travaillant exclusivement à la bombe aérosol) et notamment des chassis toilés. Ces longues pauses sans possibilité de m’exprimer m’amènent généralement à me ré-inventer, à redéfinir mes exigences, ma démarche personnelle, et à explorer de nouvelles approches artistiques.
Est-ce que vous pratiquez pendant le confinement ? Si oui, pouvez-vous nous parler de vos nouvelles oeuvres ?
Je continue d’explorer ma dernière thématique en cours, “ La Matrice du Métissage “. Une série de portraits de femmes du monde, ornés d’un arc en ciel chromatique. C’est une manière pour moi de les rendre plus universelles et de faire ressortir l’essentiel de l’émotion. Cette démarche artistique répond à l’envie de regarder le monde avec les yeux d’une femme.